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L'ouverture de la première école Diwan

 

La première école Diwan ouvre à la rentrée 1977 à Lampaul-Ploudalmézeau avec cinq élèves scolarisés en maternelle. L’enseignement y est gratuit, laïque et entièrement en breton. Cette initiative militante, qui a trouvé appui en Léon, répond à une attente car l’enseignement maternel et primaire restait le parent pauvre de l’enseignement du breton.

 

 

État des lieux en 1977

Pour le premier degré, la Charte culturelle bretonne n’apportait que la promesse de nommer des instituteurs conseillers pédagogiques pour « une initiation dans le cadre des activités d’éveil, à raison d’une heure par semaine, à la demande des familles et sous le système de volontariat des instituteurs », ce qui était déjà inscrit dans la loi Deixonne de 1951 (art. 2 & 3) :

ART. 2. - Des instructions pédagogiques seront adressées aux recteurs en vue d’autoriser les maîtres à recourir aux parlers locaux dans les écoles primaires et maternelles chaque fois qu’ils pourront en tirer profit pour leur enseignement, notamment pour l’étude de la langue française.
ART. 3. - Tout instituteur qui en fera la demande pourra être autorisé à consacrer, chaque semaine, une heure d’activités dirigées à l’enseignement de notions élémentaires de lecture et d’écriture du parler local et à l’étude de morceaux choisis de la littérature correspondante.
Cet enseignement est facultatif pour les élèves.

Revendications

C’est pourquoi l’introduction du breton en maternelle et primaire figurait en tête des revendications des associations, dont celles regroupées à gauche dans l’après-1968 (Galv, cartel fondé en 1969 par la Jeunesse Étudiante Bretonne, Ar Falz et l’Union Démocratique Bretonne, avant un Front culturel progressiste breton plus large, en 1980). Un certain relais syndical et politique était cause d’attentisme, l’espoir étant un changement radical au niveau politique. De fait, la création de la première école bilingue publique, à Saint-Rivoal dans les Monts d’Arrée, ne date que de la rentrée 1982.

Modèles bilingues

C’est en 1975, au cours de stages de formation, qu’est évoquée « la création d’écoles parallèles comme au Pays basque ».
Suite au séjour d’une semaine au Pays basque (espagnol et français) de deux jeunes militantes culturelles, l’association Skol an Emsav votait au printemps 1976 la création d’écoles selon le modèle de l’ikastola basque (modèle immersif importé d’Outre-Atlantique qui se développait également en Irlande, comme en Catalogne, et bientôt aussi en Occitanie, etc.) ; mais un tiers des membres préférait toujours une solution plus progressive et consensuelle comme ses partenaires de gauche.

Lampaul-Ploudalmézeau

C’est alors que Reun L’Hostis (militant CGT et UDB bretonnant) réussit à convaincre le maire Alphonse Arzel (centriste bretonnant, futur sénateur qui s’illustrera dans la lutte contre la marée noire de l’Amoco Cadiz) ; le conseil municipal de la commune littorale de Lampaul-Ploudalmézeau accepta de louer une école fermée depuis cinq ans pour l’ouverture d’une maternelle à la rentée 1977.

D'une classe alternative à la filière immersive

Cette première classe, médiatisée (notamment avec la photographie du premier maître, un chanteur inspiré par les luttes écologiques comme la marée noire, puis le nucléaire à Plogoff), groupait une petite demi-douzaine de bambins côtoyant des anciennes ; cela donne à cette initiative un fort caractère contre-culturel. Gweltaz ar Fur, chanteur proclamé « libertaire », fut le premier président de l’association qui avait l’appui de la mouvance alternative et contestataire, plus au départ que celui de la gauche, fût-elle bretonne, l’UDB hésitant à aller contre l’avis de syndicats enseignants favorables sur le principe à un enseignement plus massif mais moins intensif. Cependant, le réseau Diwan ira se développant avec la création les années suivantes à Lannion, Rennes... de classes, puis d’écoles « associatives, libres et gratuites », d’esprit laïc, avant d’être associées au système éducatif hexagonal selon la parité horaire calculée sur l’ensemble de la scolarité.

Quarantenaires

Les premiers enfants scolarisés à Diwan sont aujourd’hui des quarantenaires, certain(e)s très investi(e)s dans la langue et la culture bretonnes, alors que le réseau compte aujourd’hui plusieurs milliers d’élèves, tant en maternelle et primaire, comme au départ, qu’au niveau secondaire avec la création de plusieurs collèges et d’un lycée dont les résultats le classent régulièrement dans les plus performants qui soient.

 

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Localisation :


  • Pays de Brest
  • Lampaul-Ploudalmézeau

Francis Favereau
30/08/2016